Astérix chez les Bulldogs


« Dug » de Sherbrooke m’a posé cette question la semaine dernière.

« J’ai déjà vu quelque part, v’la longtemps, un astérisque à côté de la 2e Coupe des Bulldogs qui disait: « victoire non officielle ». Sais-tu pourquoi? Je ne le sais pas du tout et je me le suis toujours demandé.»

Cher Dug, c’est une vraie victoire et l’astérisque, quoique très rarement publié, origine d’une situation que je vous explique ici.

En 1912-13, Québec connait une saison record de 16-4 dans le NHA. Cette première place au classement de la ligue lui permet d’obtenir la chance d’être d’une série l’opposant à l’équipe de Sydney, championne de la Ligue Professionnelle des Maritimes, à Québec. Les 8 et 10 mars 1913, Québec l’emporte 20-5 (total des buts des 2 parties). Le capitaine et entraineur-chef Joe Malone inscrit 9 buts dans la première rencontre (14-3) et a cru bon ne pas jouer dans la seconde, remportée 6-2. Un gentleman !

Déclassées plus souvent qu’à leur tour, les équipes des provinces atlantiques n’ont plus jamais eu droit de conquérir la Coupe Stanley. Un vent de l’ouest dominait…

Le 11 mars (pas le temps de célébrer), Québec quitte la ville pour une série de matchs de démonstration à New York, comme c’est la coutume. Aussitôt les matchs terminés, l’équipe continue sa route en train vers Victoria, championne de la PCHA, pour une série de 3 parties.

Comme Victoria possédait la première glace artificielle au pays, elle pouvait tenir les matchs à la fin du mois de mars.

Quebec Chronicle, 24 mars 1913

Québec a donc fait le long voyage et joué trois fois là-bas. Ils ont perdu deux fois, lors des matchs 1 et 3 joués avec les réglements en vigueur dans l’ouest (7 joueurs par équipe sur la glace). Le deuxième match fût gagné avec les règlements de l’est (déjà à 6 joueurs comme aujourd’hui).

Victoria a donc battu Québec… lors de parties hors-concours.

Les Commissaires (trustees) de la Coupe Stanley n’avaient jamais endossé ce challenge. Dès le départ, Victoria et Québec savaient que ce ne serait que des parties hors-concours. De toute façon, dans la tradition, l’équipe qui défendait la Coupe jouait ses matchs à domicile.

Mais pourquoi avoir refusé ce challenge ?

Par vengeance, peut-être. C’est mon interprétation. Les recherches ont démontré que les Patricks, habiles promoteurs de cette nouvelle ligue pro de l’ouest, avaient ouvertement tenté de déstabiliser la NHA en faisant du pillage systématique dans 2 de ses 4 équipes dont les champions, Québec. À l’automne 1912, ils ont offerts des contrats lucratifs à tous les joueurs titulaires des Bulldogs. Goldie Prodgers, Eddie Oatman et un gars de Québec, Jack Macdonald ont accepté de quitter l’équipe pour l’aventure. Joe Malone, Paddy Moran et Joe Hall ont préféré demeurer fidèles à l’équipe.

L’année suivante, il fût décidé que les équipes championnes des deux ligues devraient s’affronter pour l’ultime trophée. Vancouver l’emportera en 1915. Cette entente a durée jusqu’en 1926. À ce moment, la Coupe Stanley est demeurée et demeure aujourd’hui la propriété exclusive de la LNH.

Sur la Coupe Stanley, ont peut y lire « Québec 1912-13 ». Sans astérisque.

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