Le tournoi après la Coupe Stanley


1912 : un championnat du monde avec ça ?

Depuis plus de 10 ans, les New-Yorkais raffolent du hockey pratiqué par les meilleurs joueurs canadiens. À chaque printemps, ils invitent une ou des équipes pour une série de matchs démonstrations. La seule visite du club Québec remonte en 1904, pour deux matchs contre des clubs amateurs new-yorkais.   Après avoir été écartée de la tournée américaine en 1911, le Club Québec devient soudainement l’incontournable invité de la série de matchs en sol américain contre les autres équipes de la National Hockey Association. Accompagnés par les substitut Joe Savard et Walter Rooney, les joueurs quittent Québec le vendredi 15 mars 1912, deux jours après la grande victoire contre Moncton et une réception bien arrosée au Quebec Snowshoe Club…

 Le tournoi se déroule à Boston et New York et est doté d’une bourse totale de 7 700 $.

Photo studio de membres du Club Québec à New-York, le 17 mars 1914. On reconnait Joe Malone à droite et Jack Marks assis devant. Les deux autres joueurs sont peut-être des clubs Wanderers ou Vancouver. Une idée ? (source: Joe Malone jr.)

Les Québécois sont au Boston Arena le 18 mars pour y affronter les Sénateurs pour une première de deux rencontres. À noter qu’une belle surprise attend l’équipe, l’un des arbitres du match est Eddie Hogan, l’ancien joueur étoile étoile de Québec qui habite maintenant Montréal. Ce match se joue à 7 contre 7, comme Ottawa le désire tant.  Les Sénateurs ne sont pourtant pas de calibre et se font piétiner 9-2. Joe Malone compte 3 buts malgré une amygdalite. Le « Sénateur » Lesueur a déjà vécu de meilleurs jours et accorde 6 buts en première période et reçoit une rondelle en plein visage en 3e qui le force à quitter la rencontre, relevé par un défenseur. Une très rarissime  statistique, gracieuseté du Boston Evening Transcript: le nombre d’arrêts des gardiens. Lesueur en aurait réalisé 19 et son remplaçant Shore trois pour un total de 31 lancers par Québec.  Moran n’aurait reçu que 13 tirs dans tout le match. La performance d’Ottawa déçoit tellement le promoteur de Boston qu’il refuse de tenir un autre match les impliquant. Dans l’impossibilité de s’entendre, le président de la NHA, Emmett Quinn transfert le second match au St-Nicholas Rink de New York. La querelle fait passer la bourse totale du tournoi à 4 950 $.

St. Nicholas Rink, New York (source: Liffiton.net)

À 6 contre 6 cette fois, Ottawa l’emporte 5-3 le 20 mars mais perd la série au total des buts. Québec affronte donc les Wanderers en finale, tombeur des Canadiens. Le « Blue and White » remporte le premier match 5-4 grâce au but gagnant de Joe Hall, après qu’il ait été coupé à la lèvre par une rondelle avec 4 minutes à faire et insisté pour recevoir des points de suture. Le lendemain, dans un troisième match en quatre soirs, Malone marque 4 fois et aide son équipe à l’emporter 8-4. Québec enlève « le championnat du monde » 13-8 au total des buts. Le club reçoit 1475 $, ce qui couvre à peine les dépenses reliées au voyage. N’empêche, Le Soleil coiffe sa « une » de ce titre : « Le Club de Hockey Québec champion du monde ».

De retour en ville le lundi 25 mars, les joueurs se disent « à bientôt » et offrent à leur gérant MJ Quinn un étui métallique à cigarettes gravé.

Les trois « M » de Québec. Malone, MacDonald et Moran repartent le lendemain en direction de Vancouver où ils iront représenter la NHA dans une série de rencontres les opposants aux Étoiles de la Pacific Coast Hockey Association. Hall les accompagnent mais arrête son périple chez lui, à Brandon. Il dit au revoir à ses amis avec la promesse de revenir, accompagné de sa femme et de son fils.

Oatman est honoré de belle façon par ses hôtes de l’hiver, la famille Huxley du 13 St-Amable. Un orchestre militaire, des cadeaux et une tablée de 40 de ses amis font de cette soirée un évènement inoubliable. Il ira rejoindre ses proches à Milwaukee, tout comme le font ses coéquipiers Prodger et Marks en Ontario, mais ils tiendront parole et reviendront passer l’été à l’emploi de l’Armurier Ross.

Quand aux dirigeants du club champion, ils sont déjà à régler un dossier capital : un aréna digne de se nom, conçu pour le hockey. Le Chronicle avance que « trois ou quatre promoteurs avec autant de lieu » sont sur les rangs mais les supplie de concrétiser leurs plans car « les champions du monde méritent une grande patinoire avec les commodités modernes ». Le Sénateur Choquette et son groupe sont à l’hôtel Victoria le 3 avril et souhaitent un dénouement heureux d’ici trois semaines, à temps pour la prochaine saison.

Le 15 avril 1912, la rumeur d’un nouvel aréna sur les terrains du Quebec Amateur Athletic Association sur Grande-Allée au cout de 150 000 $ se fait surclasser par une autre nouvelle qui fait la une partout dans le monde : le Titanic a coulé.

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