Jack McDonald – dans l’ombre de Joe Malone.


La première présence de Jack McDonald avec le Quebec Hockey Club survient dès l’hiver 1906. Le jeune patineur de 18 ans est appelé en renfort suite au départ du joueur étoile Herb Jordan, désabusé de la piètre tenue de l’équipe.

Image: Ville de Québec

Les Bulldogs de Québec ont joué entre 1878 et 1920, faisant d’eux l’une des premières équipes de l’histoire du hockey. Ils ont remporté la Coupe Stanley en 1912 et 1913, et les cinq joueurs en vedette ont contribué à l’ultime récompense. Puisque leur histoire n’est pas toujours connue, prenez le temps de lire leur bio avant de faire votre choix!

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À chaque hiver, parfois sur la même patinoire, Joe Malone et Jack McDonald célébraient leur anniversaire de naissance en même temps.
L’ainé de six enfants Patrick John « Jack » McDonald (et non MacDonald, même si on le voit parfois de cette façon) est né le 28 février 1887 de l’union de John McDonald et Bridget Forsyth, et baptisé à l’église St-Patrick. Ils déménagent souvent, et à son adolescence, on les retrouvent sur la rue O’Connell en plein quartier irlandais, là où se situe l’actuel Centre des Congrès.

La Rue O’Connell des McDonald (Ville de Québec).

Tout comme Joe Malone, McDonald travaille chez l’armurier Ross (Ross Rifle) situé sur les Plaines d’Abraham et joue au hockey pour l’équipe de l’usine. Le 26 janvier 1905, la « shop » donne deux heures de congés à ses employés afin de leur permettre d’assister à un match amical opposant son équipe à celle du Québec Hockey Club. Ces derniers sont trop forts et l’emportent 13-2. McDonald sera dans ce camp dès l’année suivante.

Jack sera rapidement considéré comme un joueur prometteur, si bien qu’à l’automne 1906, Fred Danahey du Club professionnel de Pittsburgh est à Québec pour convaincre des joueurs de l’équipe de le suivre et quitter le hockey amateur canadien. McDonald quitte son emploi « à 30$/semaine » avant de revenir finalement sur sa décision, convaincu par le Quebec Hockey Club. Son coéquipier Eddie Hogan accepte toutefois de passer du « coté sombre du sport ». L’aventure américaine lui rapportera 50 $ par semaine, plus 21 $ par semaine pour un travail d’appoint.

Signature de Jack McDonald en 1956, sous celle de son ami et coéquipier Joe Malone. « Mc » est en fait un raccourci pour « Mac » qui veut dire « Fils de ». Son utilisation ne détermine pas du tout l’origine Écossaise ou Irlandaise de la famille.

Victime des raids annuels de l’International Hockey League,
la Eastern Canadian Hockey Association – la ligue majeure canadienne de hockey de l’époque – devient à son tour professionnelle et Québec doit résolument payer ses meilleurs joueurs. McDonald et le gardien Paddy Moran ont la réputation d’avoir obtenu les premiers chèques de l’histoire pour jouer au hockey dans la Vieille Capitale.

Il sera souvent tenté par l’appât du gain. En fin de saison 1909, alors que Québec est techniquement éliminé du championnat, il quitte l’équipe pour celle de Renfrew de la Ligue Fédérale, avec qui il compte 3 buts dans un seul match.

Avec les Colts de Waterloo, en 1910, en bas à droite.

L’équipe de Québec vit des moments pénibles, et en janvier 1910, elle est abandonnée par ses pairs lors de la fusion de la CHA et de la NHA. McDonald est cette fois accompagné de Joe Malone et Rocket Power à Waterloo dans la Ontario Professionnal Hockey League. Il va complètement dominer tous ses adversaires, comptant 28 buts en 16 parties, dont 6 à son premier match, et sera choisi sur l’équipe d’étoiles du circuit.

« J. MacDonald » dans l’uniforme bleu et blanc du Quebec Hockey Club en 1910-11. L’ailier gauche ne fait que 5’7″ et 140 livres, mais il ne recule devant personne. C’est lui qui engage le premier combat avec un joueur du Canadien, Eugène Payan. le 7 janvier 1911. En 1916 à Toronto, des policiers le mettent en état d’arrestation après une pénalité majeure.

Le Club Québec est accepté en NHA la saison suivante, et son talent de marqueur servira bien le club. En 1911-12, il compte 19 buts en 17 parties pour aider l’équipe à remporter la Coupe Stanley. Lors du challenge lancé ensuite par Moncton, il compte 9 buts en deux parties, assez pour permettre à lui seul de convaincantes victoires. Ses exploits lui ont permis d’être sélectionné pour l’équipe d’étoiles de l’Est en tournée canadienne, en compagnie de ses concitoyens Joe Malone et Paddy Moran.

Bague assemblée par James McDonald, l’arrière petit-fils de Jack, à partir d’une pince à cravate remis pas l’équipe après la conquête de la Coupe Stanley (Yan Doublet, Le Soleil)

McDonald déserte Québec

Une guerre entre la Pacific Coast Hockey Association et la NHA provoque un raz-de-marée à Québec. Frank Patrick de la PCHA offre des contrats à tous les joueurs réguliers du Quebec Hockey Club. Son objectif consiste à détruire le club détenteur de la coupe Stanley et à fragiliser ainsi la NHA. Les six joueurs convoités ont déjà en poche une entente de 1500 $ avec Québec, mais la PCHA offre 2200 $ à Malone, à Oatman et à Prodger, et 1800 $ à McDonald, à Moran et à Hall. Finalement, les négociations séduisent la moitié du groupe, dont Jack McDonald qui accepte 2000 $ et renie ainsi son contrat. Sa carrière se poursuit donc avec les Millionnaires de Vancouver avec qui il compte 11 buts, alors que ses amis Hall, Malone et Moran, restés fidèles à Québec remportent une 2e coupe Stanley.

Il est de retour dans l’est du pays en 1913-14 pour les faibles Ontarios de Toronto, mais il refuse les premières offres de contrat, au point d’être mis à l’amende 50$ par la NHA. Finalement, il connait sa meilleure campagne dans une ligue majeure avec 27 des 61 buts de son équipe en 20 matchs. Québec tente de l’acquérir en mi-saison pour 1000$, en vain. il sera finalement d’une transaction l’année suivante en échange de Tommy Smith, une manigance pour déjouer les plans de la PCHA. (voir le portrait de Tommy Smith).

Carte postale de Jack à sa maman, alors qu’il évolue pour Toronto en 1914. (Source : Gordon McDonald).

Ses statistiques fondent lors de 3 saisons suivantes, tous comme les salaires consentis par le club en ces temps de guerre. En mai 1917, lorsque l’usine Ross Rifle ferme ses portes faute de contrat, McDonald et Malone avisent le Quebec Hockey Club qu’ils devront déménager vers Ottawa ou Montréal pour obtenir un emploi similaire. Leur départ force l’équipe à fermer ses livres et à louer ses joueurs. McDonald sera le premier joueur réclamé par les Wanderers de Montréal lors du repêchage de dispersion. Après la dissolution des Wanderers, il sera des Canadiens de Montréal en compagnie de Malone et Joe Hall. Il inscrit le but gagnant en prolongation du 5e match de la Coupe Stanley de 1919 contre Seattle, le dernier match de cette série sans gagnant. McDonald sera hospitalisé, victime de l’influenza, et son coéquipier Joe Hall va succomber à cette grippe cinq jours plus tard.

Même s’il habite Montréal, il accepte de jouer à Québec lors du retour de l’équipe dans la LNH, mais il se pointe dans l’entourage de l’équipe le 24 décembre, la veille de leur premier match, perdu 12-5 face au Canadien. Âgé de 32 ans, il n’a plus l’agilité d’antan et il ne compte que 6 buts en 24 parties malgré une utilisation régulière. Il terminera sa carrière avec le Canadien de Montréal et le St-Pat’s de Toronto, n’inscrivant aucun but en 15 parties sur deux saisons.

Les Sons of Ireland en 1916, dirigé par l’entraîneur et
gérant Emmett McDonald (à gauche, 2e rangée). Le joueur William « Billy » McDonald (dernier joueur, 2e rangée) est aussi le frère de Jack.

Jack McDonald reviendra souvent à Québec, pour la famille et le hockey en tant qu’arbitre ou entraineur. Il sera aussi de la fête organisée à Québec soulignant l’intronisation de Joe Malone au Temple de la renommée en 1952. plusieurs descendants de la famille sont toujours dans la région. Il quittera notre monde le 24 janvier 1958 à Montréal, à l’âge de 70 ans.

Il aura joué 17 saisons au hockey professionnel, pour 262 parties et compté 208 buts. Il demeure l’un des meilleurs attaquants de l’histoire à Québec.

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