Il y a 100 ans, le retour des… Bulldogs !


 

Daily Telegraph, 14 novembre 1910.
Daily Telegraph, 14 novembre 1910.

Un titre à faire rêver les fans du retour des Nordiques, non? Cela a été le cas pour vrai, en 1910.

À compter de 2011, je vous ferai revenir 100 ans en arrière. La saison 1910-11, celle où le Québec Hockey Club renait après avoir été « mis de côté » par le hockey professionnel.

Je vous invite à relire ce texte qui explique pourquoi Québec, après 3 matchs dans la nouvelle Ligue Canadienne de Hockey, se voit contraint d’abandonner la suite parce que sa ligue fût avalée par l’autre ligue rivale, la N.H.A.

L’hiver 1910 a été long sans hockey pro à Québec, mais dans cette nouvelle réalité du hockey professionnel, ses joueurs vedettes ont vite trouvé preneur : Joe Malone, Rocket Power et Jack McDonald ont obtenu des contrats avec Waterloo dans la O.P.H.L. – Ontario Professional Hockey League.

Oatman, un joueur puis Malone et McDonald avec Waterloo en 1910.
Oatman, un joueur puis Malone et McDonald avec Waterloo en 1910.

Là-bas, McDonald a obtenu un impressionnant total de 28 buts en 16 parties, le jeune Malone, alors âgé de 20 ans et laissé de côté quelques parties en a obtenu tout de même 10 et le défenseur Power en a ajouté 7 (source SIHR). McDonald et Rocket Power seront d’ailleurs nommés sur l’équipe d’étoiles du « Berlin Daily Telegraph » (maintenant Kitchener). L’avenir  prouvera que cette brèche dans l’histoire des Bulldogs leur sera bénéfique. Plusieurs joueurs des prochaines années proviendront de cette ligue éphémère, dont Eddie Oatman.

Le Club de Hockey Québec, qui n’a jamais cessé d’exister légalement, réunit officiellement ses membres le 2 novembre 1910. 200 personnes ayant le désir de ne plus jamais priver la ville du meilleur calibre de hockey au monde s’y présentent, un record.

15 janvier 1910, la candidature du Sénateur Choquette à la Mairie de Québec, tel qu'imagé par "Le Québecois".
15 janvier 1910, tel qu’imagé par « Le Québécois ».

Des membres du Parlement, de la Ville, des banquiers et des hommes d’affaires  francophones et anglophones nomment le Sénateur  Philippe-Auguste Choquette à la présidence du club. Il sera assisté de  Joseph Power et Cyrille Faguy à la Vice-présidence, d’Eugène Matte à la trésorerie et de B.J. Kaine comme secrétaire. Ce groupe sera appuyé par les membres suivants : W. Amyot, Nap. Belleau, L.A. Lagueux, T O’Neill et par celui qui deviendra l’un des architectes de l’équipe sur la glace, M.J.Quinn.

Afin d’assurer la demande d’inclusion dans la ligue, Québec charme ses membres. Dans les jours qui suivent, Jos Power est à Ottawa puis à Montréal pour influencer les décideurs. Ce sera chose faite lors de la réunion annuelle de la ligue le 12 novembre à Montréal. Québec, représentée par Jos Power et M.J. Quinn verra la N.H.A. l’accepter dans ses rangs tout comme le club de hockey Canadien qui devait requérir sa place dans la ligue suite à un changement de propriétaire. La nouvelle fera la une du Daily Telegraph du lundi suivant (photo plus haut).

Pour son retour, l’équipe devra débourser 500$. S’organise une souscription supportée par les quotidiens anglophones et francophones. Si ce mandat est confié au Sénateur Choquette, celui de Jos Power sera de rapatrier les joueurs vedettes du passé.

Il mettra rapidement sous contrat les Joe Malone, Jack McDonald et Rocket, son frère. Il réussira aussi à rapatrier le gardien vedette « Paddy » Moran. Celui qui avait déjà quitté Québec pour l’All-Montréal de la CHL en 1909 avait ensuite poursuivi sa saison à Haileybury dans la  NHA.  Il aurait reçu un salaire de 800 $ pour y terminer la saison, un salaire énorme, qu’il n’atteindra plus jamais.

Reste 2 joueurs à mettre sous contrat (on joue encore à 7 pour une dernière saison dans l’est du pays). Ces joueurs seront  pénibles à dénicher.

Il tente d’abord de convaincre d’ex-joueurs vedettes de Québec et ainsi créer une équipe complètement composée de joueurs locaux. Herb Jordan, le plus convoité et le meilleur joueur du Québec HC dans la première décennie avait quitté l’équipe en 1909 pour les fameux Millionnaires de Renfrew. Tout en gardant son titre de joueur amateur, il gagnait sa vie comme employé de la crèmerie de l’homme d’affaires et propriétaire de l’équipe Ambrose O’Brien. Il y demeurera associé toute sa vie et accrochera ses patins cette année-là. Eddie Hogan, le premier joueur natif de Québec à avoir  joué professionnel avec Pittsburgh en 1907, sera libéré le 10 décembre par ces mêmes  Millionnaires de Renfrew, mais ne jouera pas non plus cette année-là (on le retrouvera plus tard en tant qu’entraineur de l’Université Dartmouth). Jos n’a finalement pas plus de succès avec son frère, l’excellent Charles « Chubby » Power, auteur de 44 buts en 23 parties de 1907 à 1909. Militaire de formation, il a abandonné le hockey pour se dédier à sa carrière.  Il deviendra un héros de la 1re guerre mondiale, avant d’être élu 10 fois de suite comme député libéral à Ottawa. On reparlera plus tard de ce grand politicien.

3 joueurs vedettes de Québec qui accrochent leurs patins en même temps ? Faudra regarder ailleurs.

L’équipe n’a encore attiré aucun joueur de l’extérieur. Certains joueurs motivent leurs hésitations dans l’espoir qu’une nouvelle ligue naisse, leur permettant de créer une surenchère qui leur avait tant profité l’année précédente. Le temps presse et le 20 décembre, Rocket Power est à Ottawa pour convaincre Walter Smail. Ce joueur passera les fêtes de Noël sans contrat mais finira par s’entendre avec les Wanderers de Montréal. Hamby Shore est aussi reluqué mais retournera avec Ottawa.

Même si le nouveau plafond salarial de 5000 $ par équipe permet à Québec de croire en ses chances, l’organisation n’a pas beaucoup d’argent. Le Sénateur Choquette fait une sortie et dénonce l’apathie des citoyens envers la souscription lancée 3 semaines plus tôt. « L’exécutif compte sur la générosité du public pour organiser une équipe de premier valeur ».

Malgré tout, Jos Power affirme compter sur un club de champion. Le 13 décembre. les joueurs sous contrat et les autres qui tentent d’obtenir les postes vacants s’entraînent en gymnase au YMCA de Québec.

Milwaukee Journal, 15 décembre 1910. Étonnamment, l'Ontarien serait aussi de Milwaukee selon l'article, adresse à l'appui.
Milwaukee Journal, 15 décembre 1910. Étonnamment, l’Ontarien serait aussi de Milwaukee selon l’article, adresse à l’appui.

Finalement, l’organisation obtient son premier joueur « étranger », Eddie Oatman, coéquipier de Rocket, Malone et McDonald à Waterloo en 1910. Il participe à un premier entraînement sous les regards intéressés de la presse : « Il a fait bonne figure malgré un voyage en train de 24 heures, fraîchement débarqué à l’hôtel Victoria, des chaussures et ses patins nouveaux aux pieds ». Avec Moran, les frères Joe et Rocket Power à la défense et Malone, McDonald et Oatman à l’attaque, ne reste plus qu’à trouver un « rover ».

Il sera déniché quelques jours avant le début de la saison. Le 27 décembre, l’Ontarien Ken Mallen est officiellement avec l’équipe. C’est une « assez bonne acquisition » diront les journaux.

Le capitaine de l’équipe sera Rocket Power. La saison avance à grand pas. C’est le dévoué Charles Nolan, l’ancien capitaine des Crescents qui dirige les entraînements.

Québec n’aura droit qu’à un match préparatoire contre une équipe composée des meilleurs joueurs amateurs de la Ville. Il l’emportera aisément 6-2.

Le 2 janvier 1911, il y a 100 ans, Québec marque son entrée dans la meilleure ligue de hockey au monde par une victoire de 3-2 contre les Millionnaires de Renfrew. On y reviendra la semaine prochaine…

 

 

4 commentaires Ajouter un commentaire

  1. Michel Vigneault dit :

    Bon article Marc, mais il faudrait que tu changes les dates 2010 pour 1910. Je sais qu’on vient de changer d’année, et il faut toujours un moment pour s’acclimater à la nouvelle année quand on écrit.

    😉

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